Ne dit-on pas que « le théâtre nous aide à voir les choses sous un angle différent du nôtre car nous sommes témoins de la trajectoire d’autres personnes que nous –mêmes… » ! C’est ce théâtre que Tunis s’apprête à offrir au public du 23 au 30 du mois courant dans le cadre de la 25ème édition des Journées Théâtrales de Carthage, dans un contexte mondial difficile hélas, vu les conflits et les guerres, sources de souffrances des peuples sur la terre. Une nouvelle session qu’il faudrait prendre avec des pincettes, vu la conjoncture internationale devant laquelle on se sent impuissants. Pour y remédier, nous avons besoin d’un théâtre engagé, militant dédié à la résistance … Telle est la vocation des JTC cette année.
Le programme, les tendances et les différents volets viennent d’être dévoilés à la presse locale et étrangère par Mohamed Mounir Argui, (directeur artistique et président du Comité d’organisation) en présence de son équipe. Selon Mohamed Mounir Argui, « le théâtre était toujours la voix des causes humaines et depuis leur création, les JTC représentent une plateforme d’expression de toutes les formes de soutien et de solidarité, au service du droit et de la liberté de tous les opprimés »…
Théâtre de la Liberté
08 jours, 125 spectacles dont 12 en compétition officielle avec la participation de 32 pays. Autre fait saillant de cette édition, la Section « Théâtre de la Liberté » qui révèle, estiment les organisateurs, le potentiel de cet art en tant que moyen de réhabilitation et d’insertion. Dans une expérience unique dans le monde arabe, l’art prend source, explique t-on, derrière les barreaux pour être accueilli sur scène comme moyen de lutter contre la solitude et une occasion pour former les prisonniers à surpasser les difficultés et faire éclater leurs talents,dans le cadre d’une collaboration entre le ministère des Affaires Culturelles et le ministère de la Justice.
Théâtre, Génocide et Résistance
Les JTC seront aussi un moment de réflexion et d’échange autour du 4ème art en relation avec les autres formes artistiques et ceci à travers les colloques et les ateliers de formation animés par des experts tunisiens et étrangers. Les organisateurs ont choisi comme thème : « Théâtre, Génocide et Résistance : vers un nouvel horizon humaniste » avec Mounir Saidani (direction) et Basma Ferchichi (coordination).
Le colloque portera sur 4 principaux axes : « Les spécificités esthétiques de la pratique du Théâtre du Génocide et du Théâtre de la Résistance dans les différentes sociétés aux temps de la colonisation et du capitalisme consumériste » ; « L’éthique de la représentation de la destruction et du génocide au théâtre et leur aboutissement scénique » ; « La relation entre le Théâtre et les Sciences Humaines et Sociales qui explorent les mémoires du Génocide, de la Résistance et de la construction socio-historique des identités et « Le Théâtre du Génocide, Le Théâtre de la Résistance et la création de futurs possibles ».
Une ouverture sur le monde
Les JTC s’ouvrent cette année sur le Continent américain en proposant des expériences venues de pays tels que le Venezuela et le Brésil. La Chine est aussi un pays hôte à travers la présence de la nouvelle création « Star returning » du metteur en scène Lémi Ponifacio.
Les JTC offrent par ailleurs, des ateliers et workshops portant sur le jeu, l’acteur et l’écriture, dirigés par des experts et créateurs reconnus de Tunisie et d’ailleurs, visant à enrichir les compétences des participants. Et n’oublions surtout pasLe théâtre syrien qui sera à l’honneur. Outre la consécration de Duraid Laham et de Mamdouh Al –Atrash à l’ouverture, le grand public découvrira deux pièces de théâtre syriennes « Le patio » de Souleymanna Kattan et « Monologue » de Nawress Barrou.
Compétition officielle
La Tunisie participe à la Compétition officielle avec « Toxic Paradise » de Sadok Trabesli, production Théâtre de l’opéra de Tunis et « Danse céleste » de Taher Aïssa Ben Arbi, production Théâtre National Tunisien (TNT), en partenariat avec le Centre des arts dramatiques et scéniques du Kef et le Centre des arts dramatiques et scéniques de Zaghouan.
D’autres créations postulent pour l’un des prix de l’édition : « L’amoureux » de Nabil Azer (Palestine), « Tnein Bel Lel » de Samer Hanna (Liban), « La maison d’Abu Abdallah » de Anas Abdessamad (Irak), « Zone franche » de Migan Bardol, « Médecin après la mort » de Ibrahima Sarr (Sénégal), « Fin de partie » de Saïd Kabil (Egypte), « Entre deux cœurs » de Mohamed Youssef al-Mulla (Qatar), « A ceux qui gravissent les montagnes » de Abdelssalam Qabilat (Jordanie), « La Victoria » de Ahmed Amine Sahel (Maroc) et « Comment nous pardonner ? » de Mohamed Al-Amri (les Emirats Arabes Unis).
« Star returning », spectacle chinois à l’ouverture
Organisée en deux temps, dans deux espaces différents, la cérémonie d’ouverture démarre le 23 novembre à19h00, au Théâtre de la ville de Tunis. Quant au spectacle, il aura lieu en 2ème temps au Théâtre de l’opéra. A l’affiche comme nous venons de l’annoncer: « Star returning» qui a été présentée en avant-première le 08 novembre 2024 à Xichang et qui fera sa première dans nos murs à Tunis. Décrite comme étant une œuvre profonde et visionnaire, « Star returning » est signée Lemi Ponifasio, dramaturge polynésien de renommée qui aborde ici des thèmes tels que l’existence, l’héritage ancestral, la spiritualité et la connexion de l’humanité au cosmos.
Des chiffres à retenir
– 125 spectacles de 32 pays participants
– 23 pièces tunisiennes : 02 en compétition officielle
– 05 pièces africaines : 02 en compétition officielle
– 19 pièces arabes : 08 en compétition officielle
– 02 pièces dans la Section « Expressions théâtrales de l’immigration »
– 12 spectacles du monde
– 12 pièces pour enfants
– 10 pièces dans la Section « Théâtre de la liberté »
– 08 spectacles prévus devant le Théâtre municipal de Tunis durant ces Journées. C’est à voir malgré les difficultés de tous genres ; le budget alloué à cette édition reste limité par rapport à l’effort et à la volonté de tous ceux qui soutiennent les JTC qui fêtent cette année la 41ème année de leur existence.