Dans sa déclaration aux médias en marge de sa participation à la première édition du Sommet de l’Initiative du Moyen-Orient vert, tenu à Riadh, capitale de l’Arabie Saoudite, Othman Jerandi, ministre des Affaires étrangères a mis l’accent sur le soutien saoudien et koweïtien aux mesures prises par Kaïs Saied le 25 juillet. Il a indiqué à ce propos que des consultations sont en cours avec les responsables des deux pays pour concrétiser ces promesses de soutien.
Rassurante, la déclaration du ministre n’a pas cependant manqué de soulever la question de savoir pourquoi il n’a pas cité les Émirats Arabes Unis, pays dont on connaît le grand potentiel financier et qui a été parmi les premiers, sinon le premier, à appuyer les décisions du 25 juillet tout autant que celles du 22 prises par le Président Saied?
La réponse sur laquelle semblent s’accorder les observateurs aurait un rapport avec le grand voisin algérien, manifestement mécontent de l’enthousiasme démontré par les riches émiratis à soutenir les mesures exceptionnelles de Kaïs Saied. Les Algériens voient dans cet intérêt soudain du riche État du Golfe pour la Tunisie et sa promesse de la soutenir financièrement le prélude à une normalisation avec Israël, sachant que les Émirats ont déjà normalisé avec ce pays en signant à la mi-septembre 2020 les accords Abraham sous l’égide du président Trump.
La remise en liberté des frères Karoui détenus en Algérie depuis environ trois mois pour franchissement illégal des frontières, prouve selon les observateurs la mauvaise humeur des responsables algériens qui craindraient que leur pays ne soit pris en tenaille dans le cas, où sous l’influence des Émirats et en contrepartie d’une substantielle aide financière, la Tunisie acceptait de normaliser avec l’Etat israélien. L’Algérie, rappelons-le, a rompu le 24 août ses relations diplomatiques avec son voisin marocain à cause, entre autres raisons, des nouvelles alliances du royaume chérifien avec Israël.
La question maintenant: les Algériens ont-ils fait savoir leur crainte aux autorités tunisiennes qui ont, au final, préféré la paix d’un grand voisin à l’aide d’un frère lointain, aussi importante puisse être cette aide?