C’est un film événement : le tout premier drame en costumes de toute l’histoire du cinéma algérien. Et un magnifique hommage aux femmes de ce pays. Quelques mois après sa présentation à Venise, la « Dernière reine », premier long-métrage du duo de réalisateurs Damien Ounouri-Adila Bendimerad ,arrive en France. Une leçon d’histoire, jamais scolaire, qui met le cap sur l’Algérie de 1516.
Il faut d’abord reconnaître au duo de réalisateurs Damien Ounouri-Adila Bendimerad un sacré panache. Oser s’attaquer, pour son premier long-métrage, à un film en costumes, avec ses coûts élevés et un arrêt pour cause de Covid, est la preuve d’une ambition rare.
Damien Ounouri et Adila Bendimerad mettent en scène le face-à-face entre le pirate Barberousse (Dali Benssalah, une fois encore impérial), venant de libérer Alger de la tyrannie des Espagnols, et la femme qui va oser lui tenir tête, la fameuse reine Zaphira (Adila Bendimerad, aussi à l’aise devant la caméra que derrière). On y retrouve aussi Nadia Tereszkiewicz, tout juste sortie de Mon crime et des Amandiers.
Les deux cinéastes y proposent un mélange réussi de spectaculaire et d’intime où duels enlevés et dialogues à fleurets mouchetés se marient harmonieusement.
Du côté des historiens, on se divise depuis toujours quant à l’existence de Zaphira, que beaucoup considèrent comme inventée de toutes pièces. Mais, de sa position de cinéaste, le duo Ounouri-Bendimerad peut s’amuser à brouiller les pistes. À faire comme si. À replacer dans l’histoire de leur pays une femme longtemps invisibilisée comme pour mieux célébrer les Algériennes d’aujourd’hui qui, à leur manière, ont aussi du mal à se faire entendre face au patriarcat tout puissant.
Rien de tout cela n’est évidemment martelé mais suggéré dans un geste féministe flamboyant, qui fait oublier les quelques coups de mou du récit.