Il s’agit de « l’une des erreurs judiciaires les plus importantes » de l’histoire du pays. Après avoir été surnommée « la pire tueuse en série » de l’Australie, Kathleen Folbigg a obtenu que son nom soit « lavé » en faisant annuler sa condamnation pour le quadruple homicide de ses enfants.
Tout a commencé par une simple phrase inscrite dans son journal intime dans les années 1990. Après avoir perdu trois de ses enfants – morts subitement entre leur 19e jour et leur 19e mois -, Kathleen Folbigg écrit « Je suis bien la fille de mon père ».
Un message que son mari découvre en 1999, après la mort de leur quatrième nouveau-né, et qui lui tombe immédiatement sur le cœur : le père de sa compagne était alcoolique et a tué la mère de celle-ci de 24 coups de couteau au cours d’une dispute lorsqu’elle n’avait que 18 mois.
Soudain pris de doute, le mari de Kathleen Folbigg décide de porter plainte contre sa femme et ses propos sont pris au sérieux. Les enquêteurs acquièrent la conviction que la jeune femme a étouffé ses quatre enfants, et ce, malgré les vives contestations de l’accusée. Elle le sait : Caleb, Patrick, Sarah et Elizabeth ont été victimes du syndrome de la mort subite du nourrisson.
Pourtant, lors de son procès, en 2003, le procureur est formel : « Il n’y a jamais eu, jamais, dans l’histoire de la médecine, de cas comme celui-ci ». Kathleen Folbigg est condamnée à 40 ans de prison et écope du sobriquet de « pire tueuse en série du pays » ou de « la tueuse en série de nourrissons ».
Mais depuis sa cellule, la jeune femme ne cesse de clamer son innocence et sa voix est enfin entendue en 2021, par des scientifiques. Ceux-ci s’appuient sur des expertises médico-légales pour suggérer que les décès inexpliqués des quatre enfants de Kathleen Folbigg étaient liés à « des mutations génétiques rares » ou à « des anomalies congénitales ». Surtout, ils soulignent qu’il n’existe « aucune preuve » que ces enfants ont été étouffés.
Au total, plus de 90 scientifiques finissent par se convaincre de l’innocence de la jeune femme et demandent, par la voie d’une pétition, le réexamen de l’affaire. Et ils obtiennent justice pour Kathleen Folbigg. À l’issue d’un nouveau procès, la gouverneure Margaret Beazley gracie la mère éplorée en juin 2023, en soulignant qu’il existe « un doute raisonnable » quant à sa culpabilité.
Après vingt ans de prison, Kathleen Folbigg retrouve sa liberté.
Et si la décision est qualifiée d’irrévocable par la justice, elle est jugée insuffisante par celle qui a passé vingt ans de sa vie derrière les barreaux pour des crimes qu’elle n’a pas commis. Kathleen Folbigg veut être définitivement blanchie de tous soupçons et par-dessus tout, « innocenter son nom ». C’est pourquoi elle saisit la Cour d’appel pénale de Nouvelle-Galles du Sud.
Et après réunion d’un panel de juges, la Cour a pris la « décision formelle » d’annuler officiellement la condamnation de Kathleen Folbigg, ce jeudi 14 décembre, comme le rapporte CNN. « J’espérais et j’ai prié pour qu’un jour, je puisse me tenir ici avec mon nom innocenté, a-t-elle exulté à la sortie du tribunal. Mais le temps qu’il a fallu pour voir le résultat d’aujourd’hui a coûté cher à beaucoup de gens. »
Aussi, pour ces vingt années de vie perdues, ses avocats ont demandé une compensation « substantielle ».