Les relations de l’Algérie avec ses voisins du Sahel le Mali et le Niger ont atteint un niveau de tension sans précédent et le fossé des incompréhensions ne cesse de se creuser d’une semaine à une autre. Ingérence dans les affaires internes, maltraitance des ressortissants maliens ou nigériens par les autorités algériennes, liens troublants avec des mouvements armés pratiquant le terrorisme ou des activités séditieuses armées, les dirigeants maliens et nigériens formulent de nombreux reproches au régime algérien et les malentendus s’accumulent au point où les deux voisins sahéliens de l’Algérie décident de lui tourner le dos pour privilégier des partenariats stratégiques avec de nouveaux acteurs régionaux.
Face à cette impasse qualifiée par de nombreux diplomates algériens de dangereuse pour les intérêts géostratégiques de l’Algérie, le régime Tebboune, révèle en exclusivité Maghreb Intelligence, a été contraint de recourir à la médiation russe alors que cette option était pendant longtemps exclue et écartée par le président Abdelmadjid Tebboune et ses collaborateurs les plus proches qui voulaient préserver la « fierté » de l’Algérie et refusaient de se « rabaisser » au rang des pays qui demandent de l’ »aide étrangère » pour des solutions avec les voisins directs du pays. Cette posture a visiblement été abandonnée au regard du sentiment très anti-algérien qui anime depuis le début de l’année 2024 les nouvelles classes dirigeantes maliennes et nigériennes. Alger craint en plus un rapprochement militaire et sécuritaire du Niger et du Mali avec le rival marocain qui a formé plusieurs officiers militaires occupant en ce moment le pouvoir à Bamako ou Niamey.
Ces inquiétudes ont été ouvertement abordées, certifient les sources de Maghreb Intelligence, lors des travaux de la deuxième session des consultations politiques algéro-russes qui s’est tenue à Alger le 14 avril dernier en présence du Représentant spécial du président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, pour le Moyen-Orient et l’Afrique, Mikhaïl Bogdanov. La Russie s’est engagée officiellement, attestent les sources de Maghreb Intelligence, à réaliser cette mission de médiation, mais dont le succès reste encore incertain.