Par Noureddine Chafai
La réforme de la retraite était bel et bien parmi le programme du candidat Macron. Le départ à la retraite à 64 ans a été maintes fois cité dans les discours de campagne présidentielle par le clan Macron, et, voilà que tout le monde ou presque s’élève contre cette réforme.
Le gouvernement d’Elizabeth Borne ne jouit que d’une majorité relative, il peine à faire passer ses décisions. Si depuis près d’un an, il réussit à tirer son épingle du jeu, sur les retraites c’est le blocage et le statu quo complet, d’où le passage en force en utilisant le fameux 49-3.
Mme Borne est assiégée côté gauche par la Nupes de Jean Luc Mélenchon, et côté droit par le RN de Marie Le Pen. Entre les deux blocs se trouve muré le groupe Renaissance de Macron qui a besoin, chaque fois, du concours des centristes peu nombreux et de quelques députés républicains. Ces derniers, sont aujourd’hui très divisés et n’arrivent pas à se mettre d’accord sur une position unie, la course à la présidence du parti a laissé des séquelles entre la nouvelle génération et les anciens caciques menés par le faucon Éric Ciotti le président choisi.
Les observateurs ne comprennent pas que ce groupe LR n’a pas dénié voter la réforme, alors que lors de la campagne électorale, leur candidate avait prévue en cas de réussite que l’âge de la retraite serait repoussé à…65 ans !
Tous les regards se dirigent, aujourd’hui, sur la décision des députés LR concernant les motions de censure présentées par la Nupes et le RN.
Le jeune député LR, Aurélien Pradié, candidat malheureux de la course vers la présidence de son parti, malgré sa nomination en tant que vice-président, ne décolère pas et mène une guerre sans merci contre son rival Ciotti d’où son opposition farouche à la réforme macronienne, il entraine au moins 25 députés sur 63 de son groupe vers le vote de la motion de censure.
Pour l’heure, la motion de censure recueillerait 263 voix sur les 287 nécessaires.
Un sondage effectué ce week-end montre que 68% des français sont favorables au vote de la motion de censure et le même pourcentage des sondés souhaitent le départ de la première ministre.
Pendant ce temps, les manifestations et les grèves se durcissent jour après jour et une paralysie de l’économie est à craindre sérieusement.
Les queues se forment devant les stations de service suite au blocage des raffineries, l’amoncellement des ordures ménagères commence à pourrir la vie des parisiens mais aussi des habitants des grandes villes. Par ailleurs, il y a un risque de coupures d’électricité avec l’occupation des centrales électriques et sites de production comme la centrale de Gravelines.
Le jour où tout peut basculer.
Quelle serait la réaction du président Macron ? Attendre le résultat du vote ce soir ? Dans le cas du passage de la motion de censure, il est fort probable qu’il procède à la dissolution de l’assemblée nationale. Un cas de figure qu’on ne doit pas éloigner. Macron peut rendre la monnaie de leur pièce à tous ces députés, qui alors, risqueraient de perdre leurs sièges au palais Bourbon.
Un vote anticipé pourrait lui offrir une majorité confortable lui permettant de réaliser les réformes prévues dans son deuxième mandat, il lui reste encore 4 années.
Ce vote pourrait aussi le reléguer au « rôle des chrysanthèmes», au cas où les urnes se prononceraient pour une majorité hostile.
L’essentiel reste à deviner, comment renflouer les caisses de l’UNEDIC et les caisses de retraites?
La population française est vieillissante, une espérance de vie de plus en plus longue, des postes d’emploi par milliers ne trouvent pas de main-d’œuvre, d’où la diminution des ressources des caisses sociales.