Après les missiles américains à longue portée pour frapper le sol russe, la Maison Blanche a approuvé, mercredi 20 novembre 2024, la livraison à l’Ukraine de mines antipersonnel. L’administration de Joe Biden s’était jusque-là refusée à fournir à Kiev ce type d’armes très controversées parce qu’elles tuent et blessent bien souvent des civils. Pourquoi le président américain, qui cédera le pouvoir dans deux mois à Donald Trump, franchit une ligne rouge qu’il s’était lui-même fixée ?
L’administration Biden, pourtant critique des mines antipersonnel en raison de leur danger pour les civils, s’est efforcée mercredi de justifier sa décision d’envoyer de telles armes à l’Ukraine, censées permettre de ralentir l’avancée des troupes russes dans l’est du pays.
« Les forces mécanisées ne sont plus en tête. Ils avancent à pied de manière à s’approcher et faire des choses pour ouvrir la voie aux forces mécanisées », a déclaré au Laos le secrétaire à la Défense, Lloyd Austin, parlant d’un changement de tactique des Russes sur le champ de bataille.
Les Ukrainiens « ont besoin de choses qui peuvent aider à ralentir cet effort de la part des Russes », a-t-il ajouté au moment où l’avancée des troupes russes s’accélère dans l’est de l’Ukraine.
La livraison de mines antipersonnel fait partie d’une nouvelle aide militaire américaine à l’Ukraine, annoncée mercredi, de quelque 275 millions de dollars comprenant par ailleurs des munitions pour des systèmes d’artillerie et des équipements divers.
Le revirement des Etats-Unis sur les mines antipersonnel intervient quelques jours après que Washington a donné son feu vert à l’Ukraine pour frapper en territoire russe avec des missiles longue portée de fabrication américaine, utilisés dans la foulée par Kiev, une ligne rouge pour Moscou.
La Campagne internationale pour interdire les mines (ICBL) a immédiatement dénoncé mercredi une décision « désastreuse ». Le groupe, prix Nobel de la paix en 1997, a affirmé qu’il « s’efforcera d’obtenir des Etats-Unis qu’ils reviennent sur leur décision »
Le président américain Joe Biden avait déclaré en 2022 qu’il en interdirait l’utilisation, sauf dans la péninsule coréenne, établissant à l’époque un contraste avec les tactiques russes en Ukraine.
Les Etats-Unis ne sont pas cependant signataires du traité d’interdiction des mines antipersonnel de l’ONU.
Le revirement de M. Biden intervient sur fond d’inquiétudes sur la poursuite du soutien américain à l’Ukraine une fois que le président élu Donald Trump sera entré en fonctions en janvier.
Ce dernier a assuré qu’il était en mesure de mettre fin à la guerre provoquée par l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022, en « 24 heures ».
Les mines antipersonnel sont des engins explosifs qui continuent à tuer et à mutiler des personnes longtemps après la fin des conflits.