Dans un post, publié hier, 17 Décembre 2020, sur sa page Facebook, l’ancien président de la République, Mohamed Moncef Marzouki, s’est excusé pour son échec à maintenir le train de la révolution sur les rails,durant sa présidence.
Marzouki a estimé qu’une partie de l’échec était le résultat de son mauvais choix de certains de ses assistants, de sa faiblesse face aux bombardements médiatiques et de la prise de certaines décisions infructueuses.
Marzouki a estimé qu’il avait surtout commis «deux erreurs fondamentales», dont la première était «une erreur de jugement sur la férocité de la contre-révolution, le mépris de ses méthodes, le rôle destructeur des médias corrompus, ainsi que le fait de ne pas répondre de manière décisive aux gens qui n’ont ni peur ni honte».
Quant à la deuxième erreur, il s’agit d’un « pari perdu sur l’alliance avec le mouvement Ennahda », ajoutant que cette alliance a été imposée par les résultats des élections de 2011, et sans laquelle la dangereuse phase de transition n’aurait pas pu être franchie pacifiquement, selon lui.
L'ancien président de la République a ajouté: « La direction d'Ennahda était la principale raison de l'avortement d'une révolution démocratique, qui lui a donné le pouvoir sur un plateau d'argent. Malheureusement, cette direction l'a rendu à la contre-révolution sur un platrau d'or, l'ennemi de la démocratie. Au second tour des élections présidentielles de 2014, ils ont appelé à voter contre moi ».
Il a déclaré: « Le président d'Ennahda m'a caché, ainsi qu'à tous les Tunisiens, la substance de l'accord qu'il a conclu à Paris à l'été 2013 ».
En outre, Ennahdha n’a contribué dans la révolution, selon son estimation, que par « l'alliance continue avec tous genres de corrompus, fuyant aujourd'hui et demain la justice ».
Marzouki a, par ailleurs, considéré que la politique de « réconciliation » avec la contre-révolution, poursuivie par Ennahda, n'était pas par souci de préservation de la révolution, de crainte d'un coup d'État ou d'une guerre civile, mais il s’agit, plutôt, d'une reddition honteuse à cette contre-révolution, pour protéger leur parti et craignant le sort des Frères musulmans et du président Martyr, Mohamed Morsi, en Egypte, après le coup d'État fatidique de l'été 2013, toujours selon Marzouki.
Marzouki n'a pas manqué de responsabiliser la Gauche dans ce qui s’est passé, la considérant en faillite, politique et morale, en choisissant de tomber dans les bras du coup d'État, voire à y contribuer et le défendre, quand cette Gauche a appelé, motivée par de la haine idéologique, à me bloquer la voie des présidentielles de 2014, et voter À l'ancien ministre de l'Intérieur de Bourguiba et au président du Parlement Ben Ali ».
L’ancien Président a ajouté que « La trahison des gauchistes n'est pas comparable à celle des nationalistes, dont la pensée fossilisée et le chagrin ont conduits à justifier les terribles crimes d'un régime despotique contre le peuple syrien, qui s’est dressé pour ses Droits et Libertés, à l’instar de la Tunisie, comme si la corruption devenait acceptable, tant qu'elle est de la corruption anti-israélienne, comme si la torture est excusée tant qu'il s'agit d'une torture "progressiste", et la transmission héréditaire du Pouvoir est acceptable, s'il s'agit d'un héritage "contre" le sionisme et l'impérialisme, et la reddition est "patriotique", tant qu'elle l'est pour la Russie et l'Iran et non pour l'Amérique et Israël.
Marzouki n'a pas exempté les révolutionnaires eux-mêmes de leur «responsabilité dans le désastre», en raison de leur dispersion dans les boutiques politiques, sans qu’il y ait de véritable raison à se quereller, et de rater des occasions de s’unir envers l'ennemi commun, en privilégiant de s’attacher à des pseudo-directions, selon l’ex-Président.