L’Union Européenne gagnera-t-elle son pari ?
25 ans après la déclaration de Barcelone augurant d’un partenariat euro-méditerranéen à même de permettre la création d’un espace de paix, de prospérité partagée et d’échanges culturels et humains, l’Union Européenne reconnaît implicitement l’échec de cette entreprise. L’Union pour la Méditerranée (UpM), pour ne prendre que cet exemple, créée en 2008 sous l’impulsion de la France essentiellement est restée une coquille vide, malgré des efforts pour la redynamiser autour de projets concrets.
Dix ans après ce qui a été convenu de printemps arabe, l’Union européenne cherche à reprendre pied dans une région fortement déstabilisée et où son influence est en régression permanente
En effet, sur le plan géopolitique, l’Europe se retrouve en concurrence avec d’autres puissances. La Russie et la Turquie sont devenues des acteurs incontournables dans la gestion des conflits en Syrie et en Libye, au point que les Européens n’exercent guère plus d’influence dans ces pays.
En lançant le 9 février « un nouvel agenda pour la méditerranée », la commission européenne entend reprendre l’initiative pour donner une plus grande consistance à ce partenariat et, surtout, maintenir son influence dans une région objet de fortes convoitises. La nouvelle copie présentée par la commission européenne, considérée « ambitieuse et innovante », tient compte des grandes mutations géopolitiques enregistrées dans une région qui se trouve confrontée à un certain nombre de défis en matière de gouvernance, de climat socio-économique, d’environnement et de sécurité, qui sont exacerbés par la pandémie de COVID-19.
Concrètement, le nouvel agenda pour la Méditerranée orientera la politique de l’UE à l’égard de la région et la programmation pluriannuelle dans le cadre de l’instrument de voisinage, de coopération au développement et de coopération internationale (IVCDCI) aux niveaux régional et bilatéral. L’UE procède à une révision à mi-parcours de la communication conjointe d’ici à 2024.
Ce nouvel agenda repose sur la conviction que c’est par la coopération et dans un esprit de partenariat que les défis communs peuvent être transformés en des opportunités à saisir, dans l’intérêt mutuel de l’UE et des pays du voisinage méridional. Il comprend un plan économique et d’investissement visant à stimuler la reprise socio-économique à long terme dans le voisinage méridional. Dans le cadre du nouvel instrument de voisinage, de coopération au développement et de coopération internationale (IVCDCI) de l’UE, jusqu’à 7 milliards d’euros pour la période 2021-2027 seraient alloués à sa mise en œuvre, qui pourrait mobiliser jusqu’à 30 milliards d’euros en investissement privé et public dans la région au cours de la prochaine décennie.
Pour le haut représentant et vice-président, Josep Borrelli : «Un partenariat méditerranéen renforcé reste un impératif stratégique pour l’Union européenne.. Nous sommes déterminés à collaborer avec nos partenaires du sud dans le cadre d’un nouvel agenda qui mettra l’accent sur les personnes, en particulier les femmes et les jeunes, et les aidera à réaliser leurs espoirs pour l’avenir, à exercer leurs droits et à bâtir un voisinage méridional pacifique, sûr, plus démocratique, plus vert, prospère et inclusif.»
Pour le commissaire au voisinage et à l’élargissement, Olivér Várhelyi : «À travers le partenariat renouvelé avec le voisinage méridional, nous présentons un nouveau départ dans nos relations avec nos partenaires du Sud. Fondé sur des intérêts communs et face à des défis communs, il a été pensé en coopération avec nos voisins.»
Le nouvel agenda met l’accent sur 5 domaines d’action :
- humains et de la gouvernance responsable ;
- résilience, prospérité et transition numérique
- paix et sécurité
- migration et mobilité
- transition écologique
Avec l’esquisse d’un nouvel agenda, l’on se demande si l’Europe allait mettre le turbo pour permettre à cette région qui lui est limitrophe de rattraper son retard, de relever les défis qui lui sont lancés et de se prévaloir en tant que zone de paix et de prospérité ! Il faut attendre et espérer.