Depuis 2011, nous n’avons pas cessé d’être dans l’excès, que ce soit dans un sens ou dans l’autre. Bien que nous vivions dans le même pays et soyons fondamentalement confrontés aux mêmes problèmes, nos comportements étaient et demeurent contradictoires. Il est tout à fait compréhensible que nous ne soyons pas sur la même longueur d’onde quand il s’agit des choix idéologiques. Mais aucune explication ne pointe à l’horizon quand nous nous engageons dans des directions opposées par rapport à des valeurs universellement admises.
D’une part, il y a une tendance collective à bâtir des châteaux en Espagne alors que tout le monde sait pertinemment qu’il s’agit d’une utopie. Certes il n’est pas interdit de rêver, mais une bonne « dose » de réalisme est nécessaire pour que le rêve se réalise. Après avoir sapé l’édifice à la base, nous avons poussé le bouchon un peu trop loin et nous nous rendons compte aujourd’hui que c’était une erreur après avoir essuyé échecs et déceptions.
D’autre part, avant même de prendre conscience du désenchantement, nous avons « excellé » dans l’art de s’ôter la vie, aussi bien en multipliant les actes de suicide qu’en variant la manière de se donner la mort. Certains se sont immolés par le feu. D’autres se sont tués par pendaison. D’autres encore ont creusé leurs propres tombes pour y gésir à leur guise ou se sont noyés en tentant l’émigration clandestine.
Cette anomie est un signal fort. Notre société semble avoir perdu tous ses repères .