Par Abdelhamid Zoghlami
J’avoue avoir été choqué par l’intervention à la télé Al Jazira de Nejib Chebbi suite à l’annonce des chiffres des premiers résultats des législatives et surtout du taux d’abstention.
Choqué, c’est un euphémisme quand la personne qui la provoque est une telle personnalité au parours exemplaire de courage, caractérisé par un refus de toute compromission et de toute concession opportuniste, et illustré par de nombreux sacrifices et épreuves qui lui ont valu d’être encore écouté et respecté malgré les errements et les échecs successifs depuis la révolution du 14 janvier.
Vieux briscard de la politique, Nejib Chebbi sait mieux que quiconque ce que c’est de critiquer la politique son pays et de s’attaquer à ses représentants dans les médias étrangers. Je ne dirais pas une traîtrise, mais je ne suis pas loin de le penser. J’aurais pu concevoir cette intervention si la situation était celle d’avant le 14 janvier 2011, mais la liberté d’expression, du reste seule acquis encore réel de la révolution, prévalent encore retire toute excuse à monsieur Chebbi, qui aurait eu tout le loisir de tenir des points de presse et de s’exprimer à sa guise, avec la liberté et le courage qui l’ont toujours caractérisé.
On ne critique pas ses adversaires politiques en utilisant les médias étrangers. Aucun politique ne le fait dans un pays démocratique. C’est une règle, ou presque. En le faisant, Chebbi nie la démocratie à la réalisation de laquelle il a milité et participé.
Mais l’impair commis par Nejib Chebbi, plus grave encore, réside dans le contenu de ses propos.
En effet, et à la faveur du faible du faible taux de participation aux législatives, le Président du front du salut national qu’est M.Chebbi, appelle le Président de la république Kais Saied, à démissionner. Purement et simplement.
De la part d’un homme politique de l’importance de Nejib Chebbi, de tels propos, me paraissent pour le moins irresponsables.
Comment donc M. Chebbi, par ailleurs homme de lois et avocat de son état, pouvait- il oublier que l’actuel Président est élu pour un mandat de cinq ans, soit donc jusqu’à l’autone 2024, et que c’est le peuple tunisien qui l’a élu librement, directement et confortablement(à plus de 70%). Toutes les démocraties le disent et le font:un mandat présidentiel donné par une consultation populaire libre et directe doit être respecté et aller jusqu’à son terme. Vox populi, vox dei, disait le vieil adage romain pour signifier que la voix populaire est sacrée.
La démocratie a ses règles et ses exigences auquelles tout pays démocratique ou se voulant comme tel, se doit de se conformer. On peut critiquer le décisions politiques du Président Saied; et elles sont critiquables. Mais de grâce, n’en rajoutons pas, et évitons les vindictes et autres appels inconsidérés qui aggravent la situation de crise profonde que traverse notre pays en y introduisant la menace de la déstabilisation et de du désordre.
Et évitons surtout de lancer ces appels dans les médias étrangers.