Par Sayda BEN ZINEB
Né à Marsala (commune italienne de la province de Trapani en Sicile), de parents agriculteurs dans le domaine de la viticulture, Girolamo Palmizi, (Mimmo pour les amis), est un artiste italien, architecte de formation et ami fidèle de notre pays. Il a toujours eu des attaches avec la Tunisie et les artistes d’origine sicilienne, nés et vivant sous nos cieux.
Après le lycée à Marsala et une maitrise en architecture à Palerme, il s’installe à Milan, une ville qui se distingue par son aspect branché et dynamique d’un côté et sa facette culturelle de l’autre. C’est là qu’il prend contact avec des artistes de renommée comme, Arnoldo Pomodoro et Filippo Panseca. C’est toujours à Milan qu’il gagne un concours et commence à enseigner l’architecture aux écoles des Beaux Arts. Et, cerise sur le gâteau, il réussit à réaliser ses rêves qui le hantaient depuis son enfance ; prôner l’art sur les deux rives de la méditerranée.
Piccola Sicilia
Girolamo Palmizi était à Tunis (début du mois d’octobre 2023) pour prendre part à la 2ème édition de« Mattabia, Siciliens de Tunisie » aux côtés de nombreux autres invités. A titre de rappel, il a déj participé à la première édition ayant eu lieu à Marsala au mois d’août 2022 en présentant la sculpture « Piccola Sicilia », qu’on a installée au mois d’octobre de la même année à La Goulette, en hommage à tous les Siciliens de Tunisie.
Pour l’édition « Mattabia » 2023, Girolamo Palmizi vient de participer avec une vidéo installation qui met en évidence ces liens entre ses sculptures et la mer. « Notre Méditerranée, la Mare Nostrum, celle de nous tous sans exclusion aucune, dit-il ».
« Dans ce projet, explique t-il, il est question de deux de mes sculptures. Une première conçue pour La Marsa, intitulée « Mère » Méditerranée, inspirée de l’écrivaine sicilienne, Stefania Auci (auteure du roman « L’inverno dei Leoni »), et une seconde dédiée à la Mythique (Venus Erycina) sous le titre, «Le vol des Colombes » ; projet expliqué et commenté par Alfonso Campisi, universitaire et éminent chercheur, spécialiste de l’histoire de l’émigration sicilienne et italienne en Tunisie entre les XIXème et XXème siècles.
Ces deux projets mettent en valeur, selon le sculpteur italien, la symbiose qui lie les Siciliens à la mer, et le rôle qu’a toujours joué cette « chère Mer » à travers l’histoire entre les deux rives de la Méditerranée. La Méditerranée du temps des Phéniciens, des Carthaginois et même des Romains, était traversée librement dans tous les sens par tous, et non seulement par les colombes de la mythique Venus Erycina qui chaque mois d’octobre, s’envolaient vers le Kef (Tunisie) pour reprendre le parcours inverse au mois d’avril.
A l’époque romaine, « ce pont imaginaire » se consolidait grâce au vol des colombes qui marquait non seulement le cycle des saisons mais permettait aussi, l’échange de communication d’un côté à l’autre de la Méditerranée .
Hommage à Didon
Discret mais généreux de cœur et d’âme, Girolamo Palmizi a installé à la Faculté des Lettres de la Manouba, (espace ouvert au dialogue des cultures), son œuvre intitulée « Elissa Yammuna », en hommage à Didon, reine de Tyr et fondatrice de Carthage. Un noble geste de sa part… Lui qui évoque si souvent dans son discours, une page riche de son pays, relative à la période arabe en Sicile où sont visibles encore de nos jours, bon nombre de vestiges et de traces en rapport avec l’architecture, la langue et la culture siciliennes.
De même, en se rendant dans la région du Cap Bon, on ne peut s’empêcher d’admirer la sculpture « Mare Nostrum » sur le quai entre Nabeul et Hammamet ; un projet symbolique entre la Tunisie et la Sicile, signé Girolamo Palmizi et jumelé avec une œuvre du même artiste installée sur la rive nord de la Méditerranée.
« Il faut dire, nous confie l’artiste, malgré toutes les adversités et les problèmes qui existent dans notre Méditerranée, il suffit de se rappeler de Mazara Del Vallo, (une Cité où vivent pacifiquement des dizaines de milliers de Tunisiens) pour comprendre que nous avons vraiment beaucoup de choses en commun ! Tel est le message principal que je veux transmettre à travers mes sculptures. La fraternité entre les deux peuples, l’histoire commune, les mêmes problèmes aussi… »
Enfin, une autre sculpture et non des moindres, celle que Palmizi a installée au mois de mai 2022 à Ksar Ghilane, sous le titre « Morgana » représentant une chaise géante pour contempler l’infinité du désert. « Un symbole d’accueil et de respect entre les peuples afin d’apaiser les sentiments d’hostilité et de tension des uns envers les autres…», explique t-il.