A l’heure où le monde se mobilise, ne cesse de fourbir ses armes pour faire face efficacement à la crise sanitaire pour créer les conditions propices à la relance de l’activité économique, que fait la Tunisie en ce moment ?
Elle continue à vivre au rythme de tout ce qui est approximatif, irrationnel et des surenchères stériles. Plus les menaces de toutes sortes gagnent en ampleur et en complexité, plus l’attention est détournée vers tout ce qui est infiniment superflu, insignifiant. Au moment où les défis qui nous guettent exigent, plus que jamais, des réponses concertées et immédiates, une action déterminée, une mobilisation sans faille et une conscience aiguë, plus notre pays se trouve cantonné à les affronter en rangs dispersés, dans la désunion totale et une improvisation assassine.
Chaque semaine apporte son lot de problèmes qui ne font qu’enfoncer davantage le pays dans une crise interminable aux conséquences imprévisibles participant à infester la vie publique de maux supplémentaires. Des problèmes au demeurent évitables qui, faute de bonne gouvernance de la vie publique, viennent compliquer la donne rendant le pays, plus que jamais, ingouvernable et les solutions envisagées parfois pire que le mal.
Les exemples qui corroborent la gabegie qui règne dans le pays, la difficulté éprouvée par le gouvernement de les approcher avec intelligence et surtout avec le courage qu’il faut, sont malheureusement nombreux. Indubitablement, la gestion des crises, nombreuses actuellement, exigent concertations, prévision, un consensus sur les actions à entreprendre et une forte capacité à traduire les mesures en actions concrètes et complémentaires. Ce genre de situations supporte mal les improvisations, les approximations, les décisions hâtives et l’absence de coordination. C’est ce que les autorités publiques depuis des années n’arrivent pas à le faire, faut de vision, de volonté et, aussi, de savoir-faire.
Le premier cas de cette fuite en avant du gouvernement Mechichi dans la gestion calamiteuse de la crise sanitaire que vit le pays, nous est venu des mesures décidées le 7 avril, révisées deux jours plus tard sous une pression venue de tous bords.
Il faut avouer que pour ce sujet particulier, le gouvernement a failli sur trois plans. D’abord, il a été victime de son attentisme à l’origine du grand retard accusé dans le processus de vaccination. Ensuite, de son incapacité à prendre les mesures adéquates pour éviter une propagation incontrôlée de la pandémie et, enfin, pour le laxisme qu’il a observé dans la mise en œuvre des mesures de sécurité nécessaire.
L’échec du renforcement des mesures pour lutter contre la propagation du Covid-19, qui connaît une augmentation alarmante est dû au fait que le gouvernement, pris dans l’engrenage d’une gestion à la va vite de la situation, n’a pas prévu des mesures d’accompagnement pour des secteurs déjà sinistrés et qui risquent de payer encore un fort tribut.
Que vaut dans le cas d’espèce l’avis du comité scientifique qui n’a cessé de tirer la sonnette d’alarme, avec une explosion des cas dans pratiquement la totalité du territoire et la multiplication inquiétante de cas de décès ?
Face au désarroi du corps médical, le gouvernement qui n’a pas su approcher ce dossier sous toutes ses coutures, a été acculé à se raviser, à alléger quand il ne faut pas les mesures qu’il a pris le soin d’annoncer et de s’autoflageller.
A quoi sert le rôle du comité scientifique mis en place si ses avis sont tournés en dérision et si les pouvoirs publics sont incapables d’assumer ses propres décisions en se montrant incapable de les défendre ?
Quelle crédibilité pourrait avoir un gouvernement qui improvise, se rétracte et cède tout le temps ?
Peut-on continuer à évoquer le prestige de l’Etat, si l’Etat lui-même se trouve en lambeaux et s’il n’existe plus un seul centre de décision ?
Le deuxième exemple de cette incohérence qui nous vient du sommet de l’Etat, est venu de la nomination d’un nouveau PDG à l’agence de presse publique nationale, la TAP. Une nomination qui ne sent pas l’odeur de sainteté, loin s’en faut. Une décision qui traduit une récompense plutôt qu’un impératif de renforcer l’indépendance de ce média public, de plus en plus soumis à des pressions insoutenables. Une décision hasardeuse qui a mis, une fois encore le gouvernement, dans un véritable bourbier, dans de sales draps. Mal étudié, ce processus a fini par susciter un tollé général rendant sa solution aussi problématique que douloureuse.
Cette succession de faux pas mettent à nu une certaine incompétence de l’Etat qui pour satisfaire l’appétit insatiable des partis formant sa ceinture politique, se souci comme une guigne de l’efficacité et de la cohérence de son action.