Le président tunisien Kais Saied doit « s’éloigner du gouffre » et engager le dialogue, a déclaré le chef du mouvement Ennahdha et président du Parlement suspendu, Rached Ghannouchi, avertissant que l’héritage de la révolution de 2011 est en danger.
Dans une tribune publiée sur les colonnes du quotidien britannique The Independent, il accuse le président de la République d’un « coup de force […] qui met en péril notre parcours naissant et fragile vers la démocratie ».
« Le président a jusqu’à présent rejeté les appels au dialogue, mais nous espérons que la sagesse finira par l’emporter », a écrit Ghannouchi. « Nous appelons le président Kais Saied à s’éloigner du gouffre et à s’engager dans un dialogue et un engagement politiques réels et inclusifs », a-t-il ajouté, précisant que cela devrait inclure la révocation de la suspension du parlement, la nomination d’un premier ministre et d’un gouvernement voté par le parlement qui devrait être consulté sur les réformes politiques.
« Sous les yeux de la communauté internationale, la démocratie tunisienne, une lueur d’espoir pour le monde arabe, est en train de s’éteindre par un schéma d’événements bien trop familier », a-t-il poursuivi.
« Nous ne pouvons pas permettre que cela se produise. »
Dans son article d’opinion, Ghannouchi a toutefois adopté un ton plus conciliant, évitant notamment d’utiliser le mot « coup d’État » et n’appelant pas la communauté internationale à intervenir de quelque manière que ce soit. Il a mis en garde contre une « dictature » en raison, selon lui, de la prise d’assaut des bureaux des médias, du limogeage des ministres et des gouverneurs régionaux, du contrôle des médias et des interdictions de voyager imposées aux juges, avocats, hommes politiques, hommes d’affaires et militants de la société civile. « Nous ne pouvons pas permettre que ces défis conduisent à une autre dictature », a-t-il écrit. « D’innombrables Tunisiens ont donné leur vie et se sont sacrifiés pour construire un système démocratique capable de protéger les libertés et d’assurer la justice sociale et la dignité. »