Par Sayda BEN ZINEB
Suite à une louable initiative de Lauriane Devoize, directrice adjointe de l’IFT, une rencontre débat autour des femmes dans le monde du travail a réuni à l’Institut Français de Tunisie, femmes leaders, cadres, dirigeantes et journalistes, comme prélude à la célébration le 8 mars de la Journée internationale de la Femme.
Le thème a fait l’objet d’un débat mené de main de maître par Lilia Blaise, journaliste, correspondante de France 24, avec la participation de femmes leaders: Hanen Feki Ben Ayed, (directrice centrale de la BIAT), Khaoula Labidi, ( directrice de l’ENA), Sahar Mechri, (directrice exécutive du magazine Manager, responsable du programme Femmes entrepreneures Tunisie), et Mélanie Lefebvre, (directrice générale TAV Tunisie, gestionnaire des aéroports de Monastir et Enfidha).
Un sujet fédérateur
Le pouvoir au féminin dans le monde du travail, sujet fédérateur et essentiel, il retrace le marché du travail tunisien et français et définit les sociétés en question. Où en est l’égalité hommes-femmes au travail ? Quelles sont les principales problématiques rencontrées au cours des carrières féminines ? Comment se positionner et s’imposer au sein d’un marché de travail essentiellement masculin ? Quel est le rôle joué par les administrations et entreprises afin d’assurer un avenir certain pour les femmes de demain? Telles sont les questions parmi tant d’autres qui ont été abordées lors de la dernière rencontre de l’IFT.
Prenant la parole, les participantes ont témoigné chacune selon son cursus et son expérience, des principales problématiques rencontrées au cours de leurs carrières en expliquant comment elles se sont positionnées en s’imposant dans un monde masculin.
Pour Lilia Blaise, modératrice, beaucoup de femmes arrivent à des postes importants et de haut niveau, qu’en est il à propos de l’égalité et de la parité, pose t -elle comme problématique. L’équation n’est pas simple mais elle n’est pas impossible. L’essentiel est de pouvoir sortir du sentiment de culpabilité quand il s’agit de gérer plusieurs choses à la fois au sein de la famille et au travail.
La parité, une question de performance
Chef de son conjoint, Mélanie Lefebvre, elle, n’a pas eu le sentiment de « souffrir » ; plutôt un cursus parsemé de succès en France et à l’Etranger. Selon elle, il faut savoir gérer l’égo et faire confiance à son partenaire, car les enfants sont épanouis quand on est épanouis. Pour Khaoula Labidi qui a fait une campagne sur l’égalité hommes-femmes au travail au sein de son Institution, le partage des tâches au sein de son couple a fait qu’elle et son mari aient pu gérer leurs carrières sans difficultés, « il faut parfois être égoïste pour y arriver, a-t-elle soutenu.
Pour Hanen Feki Ben Ayed, les femmes ne foncent pas pour la plupart par rapport aux hommes, et cela s’explique par le manque de confiance en soi. On est plus prudentes que les hommes mais à un certain moment il faut savoir oser, estime t –elle. De même, pas de discrimination quant à l’égalité des salaires en Tunisie mais le litige se pose au niveau des grades de fonction dans la mesure où la femme s’auto sanctionne dans le domaine de formations et de stages à l’étranger. S’il y a obstacle, ce n’est pas au niveau du cadre législatif, c’est plutôt dans la pratique. Tout cela pour dire que la parité est une question de performance et non de justice, du moins en ce qui concerne le cas tunisien.
Selon Lilia Blaise, 24% des femmes en France gagnent moins que les hommes. En Tunisie, l’écart est de 19% dans le secteur privé mais plus de femmes diplômées au chômage que d’hommes. Il y a aussi, le cas des ouvrières agricoles, une main d’œuvre surexploitée justement parce qu’elle est payée moins que les hommes. Reste à savoir, le rôle de l’homme (en tant qu’époux ou l’homme comme collègue ou patron d’entreprise) dans cette démarche contre l’inégalité. Enfin, il a été question dans cette rencontre, de la législation en Tunisie (loi contre les violences de 2017) mais encore, des lois dans le monde du travail. Quelles pistes d’améliorations ? Malgré un important corpus législatif pour l’égalité professionnelle, la situation des femmes sur le marché du travail reste plus fragile que celle des hommes.