En 2019, me trouvant à Lisbonne pour quelques jours de vacances, j’ai pris la décision de prendre le métro pour visiter cette jolie ville dont j’avais déjà foulé le sol quelques années auparavant. N’étant pas lusophone, je faisais très attention pour ne pas louper les directions que je devais prendre et les stations où je devais descendre.
Malgré ma détermination à accomplir un parcours sans faute, ma vigilance a été vaincue par un panneau publicitaire dont je ne suis pas près d’oublier la teneur. Je garde bien gravé dans ma mémoire ce que j’ai lu en levant la tête au moment où je faisais pivoter le tourniquet pour accéder au quai : « Fête de la musique : l’insolence commence ici ! » Oui, c’était en français et ça avait l’air d’être tout récent.
Nous étions en juillet et seuls quelques jours nous séparaient de la date du 21 juin. Bref, j’ai oublié la station que je devais prendre et la station à laquelle je devais descendre. J’étais tout désemparé mais j’ai appris quelque chose d’essentiel que je me rappellerai toujours le jour de la fête de la musique.
Oui, la musique est insolence. Oui, l’art est insolence ! Non pas dans le sens moralisateur d’ « effronterie », d’ « impudence » et d’ « arrogance ». Mais dans le sens premier de « chose, action insolite ». Donc, de pratique qui rompt avec la routine, le superficiel et le sclérosé. C’est la nature même de la création artistique. C’est ce qui explique le fait qu’elle choque, qu’elle est d’abord rejetée par le grand public avant d’être adoptée. Les théories de la réception ont longuement réfléchi là-dessus.
Parfois, il suffit d’un mot pour que jaillisse la lumière.