Du temps de Ben Ali une famille avait le monopole de disposer des biens d’autrui, selon différentes modalités, en s’associant sans la moindre participation aux projets les plus juteux, ou en s’arrangeant pour changer la vocation d’un terrain acheté à un prix dérisoire et aussitôt revendu dix ou vingt fois plus cher. Bref, leur imagination n’était jamais en défaut et trouvait mille subterfuges pour s’enrichir avec une mise réduite à zéro.
Toutefois ce mal circonscrit à une famille est une bénédiction au regard de ce qui se passe actuellement. À présent, bien souvent, toute personne, détenant une once d’autorité, entend la monnayer pour soutirer, à qui mieux mieux et chacun selon son grade, un droit à leur discrétion, au détriment de ceux qui servent l’économie nationale. Et ce, même et surtout quand ces derniers s’acquittent régulièrement de leurs impôts, tout en disposant de toutes les autorisations abracadabrantesques possibles.
Quoi d’étonnant que les meilleures volontés se découragent et que les plus optimistes désespèrent et songent sérieusement à l’exil, si ce n’est déjà chose faite.
C’est à pleurer sur le sort de nos petits-enfants dans un pays où désormais règne la loi de la jungle. Ne voit-on pas des établissements, fleurons dans leur secteur et gérés avec le plaisir professionnel du travail bien fait, objets de fermeture sans crier gare et sans préalable avertissement. Hélas, le premier responsable appelé à signer des centaines de papiers, le fait sans savoir ce qui se mijote parmi ses subalternes. Pour revenir sur une décision fondée sur un absolu arbitraire, c’est la croix et la bannière. Quand on a des relations pour que l’injustice soit réparée, on y a recours la rage au cœur. Mais quand on est sans soutien ni moral ni matériel, le suicide est alors en point de mire.