La Tunisie est un hub capital pour l’Algérie, qui fait transiter par ce pays ses exportations de gaz pour l’Europe, en forte augmentation depuis le ralentissement des approvisionnements russes. Un rapport récent, consulté par Mondafrique attire l’attention sur la vulnérabilité de l’étape tunisienne de ce gazoduc algérien vital pour la Sonatrach algérienne et pour les pays européens approvisionnés par Alger.
Ce rapport de Geoff D. Porter pour North African Risk Consulting (NARCO) estime, en effet, que l’étape tunisienne de ce gazoduc, devenu vitale pour l’Union Européenne, s’avère lourde de menaces. La compagnie nationale tunisienne SERGAZ (Société de service du gazoduc transtunisien), en charge de la gestion des stations de compression, a suscité la colère des riverains, qui réclament une indemnisation pour la saisie de leurs terres et déplorent l’absence d’infrastructures sanitaires et scolaires permettant de compenser l’absence de l’État dans la province de Kasserine. Cette région des oubliés de la révolution est, de plus, confrontée à l’afflux de migrants avec des drames qui bouleversent l’opinion tunisienne.
D’après la note de NARCO, SERGAZ ne serait pas non plus irréprochable dans la maintenance des stations de compression, tandis que les forces de sécurité tunisiennes, en dehors de la base antiterroriste de Sbeitla, ne seraient pas à même de résister à des attaques de groupes armés. Le chaos libyen permet en effet à Aqmi, via des frontières poreuses, d’être présent en Tunisie via la brigade Oqba ibn Nafi, qui attaque régulièrement policiers et soldats.
Toute interruption de l’acheminement du gaz serait, souligne Mondafrique, dévastatrice pour l’Union Européenne, pour l’Algérie et pour la Tunisie : à travers SERGAZ, Tunis encaisse des droits de passage mais surtout un quota de gaz qui lui assure 90% de ses besoins énergétiques.