Les pyramides d’Égypte ont suscité bien des fantasmes et des délires, certains soutenant encore mordicus qu’elles ne peuvent pas être d’origine humaine.
Bâties il y a entre 4.700 et 3.700 ans, les grandes pyramides égyptiennes – de Khafre, de Khéops et de Mykérinos, ainsi que la grande pyramide de Gizeh – s’égrènent en une chaîne presque régulière. Ce qui fascinait d’autant plus les archéologues que la zone est désertique, et pas forcément facile d’accès, quand il s’agit de traîner des milliers de blocs de pierre de plusieurs tonnes chacun. Et ce, à notre connaissance sans utiliser la roue, de toute façon peu pratique dans un sol sableux. Or, le Nil, le fleuve navigable qui traverse le pays, se trouve à pas moins de 7 km à vol d’oiseau.
Un mystère logistique pour lequel on a enfin une réponse. Le complexe pyramidal emblématique était longé par un grand bras du Nil de 64 km de long, aujourd’hui disparu. Une explication logique, et déjà théorisée, vu que le Nil constituait l’artère vitale pour tout transport dans l’Égypte antique, et même bien après. Mais dont on n’avait pas la moindre trace auparavant.
Eman Ghoneim, de l’université de Caroline du Nord et son équipe ont utilisé l’imagerie satellite radar pour cartographier le bras de cette rivière disparue, appelée Ahramat “pyramides” en arabe) dont le cours est encore visible sous les zones désertiques et agricoles. Ensuite, des études sur le terrain et des carottes de sédiments prélevées sur le site ont confirmé ces observations.
De quoi imaginer que les pierres, venues de loin au sud, étaient bien transportées sur le Nil jusqu’à hauteur des pyramides. Mais nul besoin de les traîner sur les derniers kilomètres, comme imaginé jusqu’alors: il suffisait de remonter cet affluent, comme aujourd’hui, on emprunterait une sortie d’autoroute.