Par Sayda BEN ZINEB
Une conviviale rencontre a eu lieu dans les locaux de la galerie Antinéa, (Sise au 5, avenue Kheireddine Pacha, Montplaisir), organisée par la Fondation Rambourg et les Editions Skira Paris, (Maison spécialisée dans les livres d’art, connue pour sa diffusion internationale). C’était dans le cadre de la clôture du programme d’appui au secteur de l’artisanat, et le lancement du livre « Le Geste en héritage : la Main Tunisienne », (distribué par Clairefontaine, et disponible dans toutes les librairies du pays). L’ouvrage vient valoriser l’objet artisanal d’excellence en se concentrant sur son histoire à la fois locale et nationale, sur ses formes actuelles, ainsi que le devenir des savoir-faire.
Ont animé cette rencontre en présence de la presse, Afif Jrad, coordinateur du programme d’appui au secteur de l’artisanat, Molka Haj Salem, chargée de la coordination générale de la Fondation Rambourg et directrice de l’édition. Mais aussi, Alya Hamza, journaliste, critique d’art et galeriste qui a prêté son bel espace (créé en 2007) pour la présentation de l’ouvrage.
La richesse de l’artisanat tunisien
Qu’en est-il de la richesse de l’artisanat tunisien ? Elle est un fait indéniable, estime Faouzi Ben Halima, directeur général de l’Office National de l’artisanat dont l’intervention s’intitule : « Développement et promotion de l’Artisanat Tunisien » (P 17). Ce secteur repose sur une large palette de métiers, répartis sur tout le territoire, et hérités de plusieurs civilisations qui se sont succédé à travers notre longue histoire. De même, notre pays dispose d’une gamme de matières premières diversifiées et mobilisables, (argile, pierres, fibres végétales…), ce qui permet de réaliser un produit artisanal spécifique et capable de se distinguer sur le marché mondial.
L’ONAT, rappelle Faouzi Ben Halima, a toujours considéré depuis sa création et à travers ses différentes misions d’encadrement et d’accompagnement, que la valorisation et la préservation de notre culture locale, est incontournable à toute évolution du secteur, dans la mesure où la promotion de l’innovation doit s’appuyer sur notre patrimoine identitaire et que l’innovation est un processus inhérent et indispensable à la pérennité de l’activité artisanale.
Projet initié par la Fondation Rambourg
« Le Geste en Héritage : la Main Tunisienne » est le dernier projet initié par la Fondation Rambourg sur le territoire tunisien, (2018). C’est un livre de référence qui rend hommage à l’artisanat tunisien grâce à une équipe formée par la Fondation Rambourg et l’ONAT (Office National de l’Artisanat Tunisien), et surtout au travail dirigé par feu Abderrahmane Ayoub, historien, expert et coordinateur scientifique du projet de la cartographie de l’artisanat . Il a sillonné pendant une enquête de deux ans, tout le territoire tunisien à la tête de son équipe. Ensemble, ils ont récolté les données du terrain sur l’artisanat tunisien, dont le fructueux aboutissement se trouve dans cet ouvrage.
Outre l’intervention de Shiran Ben Abderrazak, directeur exécutif de la Fondation Rambourg, l’ouvrage met aussi en lumière, les nombreux auteurs qui ont permis à cet ouvrage de voir le jour, notamment ceux qui ont offert leurs précieuses contributions ainsi que ceux qui ont pris part au programme de valorisation de l’artisanat (FRONAT), sans oublier les collectionneurs privés qui ont accepté de prêter les trésors qui leur appartiennent afin de les photographier. .. Et la liste est longue.
Samia Ben Khalifa, Leila Menchari, Bellagha et Hlioui
Ce sont les noms d’artistes créateurs pionniers (chacun dans son domaine), qui ont laissé une véritable empreinte sur le temps en brillant par leur audace, leur génie et leur volonté de s’imposer pour laisser assurément un souvenir impérissable. Experte en la matière, Alya Hamza a pris le soin de nous les présenter dans cet ouvrage,
Samia Ben Khalifa, (alias FELLA), était la première à avoir créé le style de l’artisanat artistique; un style qui à l’époque révolutionna tous les canons de la mode et dont on continue de trouver aujourd’hui, les traces et les échos, « Un parfum persistant ». Leila Menchari, elle qui a travaillé pour la grande maison Hermès, a mis en valeur l’artisanat tunisien à l’étranger. Quant à Aly Bellagha, il a été le premier à octroyer leurs lettres de noblesse à ces artisans du souk, où la césure entre artistes et artisans allait de soi, les uns ne concédant aux autres, qu’un regard réducteur. Enfin, « Hlioui et le goût de l’argent retrace le parcours des frères Hlioui du siècle dernier qui avaient un attrait irrésistible pour la bijouterie…Leur coup de génie, c’est d’avoir adapté la technique ancestrale chinoise du filigrane aux objets traditionnels.
Enfin, remercions tous les partenaires qui ont fait de ce beau projet, une réussite, d’où la naissance de cet ouvrage, « Le Geste en Héritage : la Main Tunisienne ». A découvrir et à offrir en guise de cadeau de fin d’année … Une bonne idée !
« Le Geste en Héritage : la Main Tunisienne » ; 262 pages ; Editions Skira Paris (2022) ; Prix : 80 dinars.